Pour Luc Ferry, les histoires de la Mythologie grecque sont des contes de fée avec un “arrière-fond philosophique incroyablement puissant”

André Comte-Sponville : « Philosopher c’est apprendre à vivre, pas à mourir ! »
André Comte-Sponville : « Philosopher c’est apprendre à vivre, pas à mourir ! »

Tous les jours, une personnalité s’invite dans le monde d’Élodie Suigo. Aujourd’hui l’invité est Luc Ferry, essayiste, professeur de philosophie et ancien ministre de la Jeunesse, de l’Education nationale et de la recherche (2002-2004). Il publie : “La Mythologie grecque de A à Z pour les Nuls” (First Editions).

Pour Luc Ferry, la Mythologie grecque est une réelle passion, bien plus que la philosophie grecque : “La culture grecque, elle est là. C’est dans la Mythologie, je ne sais pas si vous le savez, il y a plus de 120 expressions qui viennent de la Mythologie grecque et qui sont passées dans le langage courant comme :

‘Toucher le pactole, Prendre le taureau par les cornes, suivre le fil d’Ariane (…) Elles ont toutes une histoire.”

Il aime les histoires et la Mythologie grecque en fourmille. Ce sont celles-ci qu’il nous offre en détails dans son livre La Mythologie grecque de A à Z pour les Nuls, en les replaçant dans leurs contextes, accessibles pour toutes et tous avec des extraits de textes originaux. Grâce à lui, on remonte le temps et redécouvre ou découvre les mythes grecs avec des clefs d’interprétations philosophiques. On rencontre Zeus, Athéna, Hercule ou encore Aphrodite et percevons ce qu’il en reste de nos jours, c’est à dire une grande richesse culturelle.


Les histoires sont d’abord assez géniales, c’est comme les grands contes de fée mais en même temps derrière, il y a toujours cet arrière-fond philosophique incroyablement puissant
Luc Ferry

Savoir réfléchir
Ce goût pour la Grèce antique, et du questionnement tout simplement, trouve sa source dans l’éducation apportée par ses parents. Son père construisait des voitures, notamment de courses, et a même été un des meilleurs pilotes avant-guerre. Sa maman était femme au foyer. Il raconte au micro d’Elodie Suigo qu’en grande partie à cause de la Seconde Guerre mondiale, ceux-ci n’ont pas la possibilité de faire d’études : “Mon père s’est arrêté au Certificat d’Etudes, maman s’est arrêtée en Seconde mais c’étaient des gens passionnés par la culture et surtout par la culture désintéressée, par ce qui ne se vend pas.”

Ils [Ses parents] ont fait faire à leurs enfants les études qui étaient les moins mercantiles”
Luc Ferry

Et Luc Ferry ajoute le sourire aux lèvres : “Donc on a fait de l’allemand, du grec, du latin (…) Ils considéraient que c’était le plus important, c’étaient des études désintéressées, les humanités comme on dit”. C’est sa mère qui lui donne ainsi qu’à ses trois frères l’habitude de réfléchir aux sens des mots : “C’était l’objet de pratiquement tous les dîners. Qu’est-ce que c’est que la différence entre être prétentieux, être arrogant, être téméraire et courageux”, raconte-il.
“J’ai reçu une éducation qui en vérité était très tôt, très philosophique”

C’est toujours sa mère qui prend des notes dans de petits livrets et qu’il y a quelques jours encore, retrouvait une anecdote le concernant. Alors qu’il a deux ou trois ans, ils observent un enterrement, cortège tiré par un percheron. Haut comme trois pommes, il l’interroge sur cette étrange procession et elle lui dit la vérité : dans la boîte, il y a un homme mort. Luc Ferry s’insurge : “Mais pourquoi on le met dans une boîte, c’est horrible !” Elle lui répond honnêtement qu’il sera enterré.

“La mythologie me passionne, la différence entre le mortel et l’immortel et donc cette question : ‘Qu’est-ce qu’une vie bonne pour les mortels ? C’est devenu mais très tôt pour moi la question fondamentale, or il se trouve que c’est la question philosophique suprême”
Luc Ferry

Voilà, probablement la petite graine plantée dans la tête d’un garçonnet qui deviendra ministre quelques décennies plus tard et toujours heureusement animé par ses interrogations perpétuelles.

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